L'ermitage de Montesiepi, Val di Merse (Siena)

La décoration en bandes alternées de briques et de travertin fait l'originalité de cet édifice. Ce genre d'effet chromatique à l'origine orientale sera beaucoup utilisé par les architectes romans toscans, à commencer par les Pisans. Ces navigateurs avaient une longue expérience de contacts avec le monde oriental.
D'après les documents, cette église a été construite sur les ordres de l'évêque de Volterra. Cela explique l'influence pisane. Les bâtisseurs de Montesiepi ont pu également s'inspirer de l'église de Coneo et de l'abbaye de Torri, déjà construites alors.
Plus tard, on retrouvera ce même système de décoration à Sienne, à Florence et à Orvieto.Plusieurs spécialistes pensent que l'église ronde a été surélevée au XIve siècle quand on y a ajouté la chapelle gothique. Leur avis se fonde principalement sur la présence de la même frise faite de briques placées en dents de scie. On peut évidemment penser que cet anneau de briques existait déjà et qu'il a été repris comme motif ornemental pour couronner la chapelle rectangulaire. Il est effectivement probable que la première rotonde romane était un bâtiment bas, ce qui n'était plus du goût des architectes gothiques du XIve siècle[2].
La Rotonda a été agrandie au 14ème siècle avec la construction d'une chapelle avec des fresques du peintre de l'école siennoise Ambrogio Lorenzetti.

La chapelle gothique du XIVe siècle rompt l'harmonie du bâtiment circulaire mais contient un cycle d'admirables fresques d'Ambrogio Lorenzetti et de son atelier[2], fresques qui peuvent être datées de 1334-1336..
Selon certains experts, une partie au moins de la fresque aurait été exécutée par les élèves d'Ambrogio. Il est difficile de déterminer avec certitude si la moindre qualité est le fait de la collaboration d'artistes moins doués o.u si elle est la conséquence de l'altération du temps[4].

Ambrogio Lorenzetti, Maestà e Storie di San Galgano

Les fresques sont très endommagées, bien qu'elles aient été enlevées une première fois pour être restaurées en 1967[4], puis remises à leur place d'origine, avec les dessins de sinopia respectifs qui avaient été découverts pendant les travaux.
L’image insolite de l’Annonciation est peinte sur le registre inférieur du mur du fond de la chapelle, sous la Gloire de Marie (Maestà), ce qui n’est pas sans importance. Sa composition, comme son iconographie, se révèlent d’une extraordinaire originalité. Sans compter sa remarquable capacité à jouer de la structure architecturale sur laquelle elle s’inscrit. La présence fantomatique de certaines figures effacées ou déplacées (dès le XIVe s.) et que le temps et ses aléas ont fini par révéler à nouveau, permet, une nouvelle fois, de prendre la mesure de l’intelligence et de la complexité extrêmes du projet iconographique élaboré par Ambrogio Lorenzetti dans la chapelle de Montesiepi [5].

Eremo di Montesiepi (Siena) | Ambrogio Lorenzetti, Maestà e Storie di San Galgano